segunda-feira, 1 de novembro de 2010

La visite de Medvedev dans les îles Kouriles provoque la colère du Japon

Le Monde

La visite du président Dmitri Medvedev aux îles Kouriles, dont le Japon revendique une partie, jette un froid sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a jugé "inacceptable" le mécontentement du Japon après la visite lundi du président russe dans les îles, et annoncé que l'ambassadeur japonais à Moscou allait être convoqué. Le Japon a estimé de son côté que l'initiative de M. Medvedev "heurtait les sentiments de la population japonaise".

Moscou et Tokyo se disputent depuis plusieurs dizaines d'années quatre îles de l'archipel des Kouriles (Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri dans leur dénomination japonaise). Ces îles avaient été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Depuis, aucun président russe ne s'était rendu en visite officielle sur ces îles. En septembre, le président russe Dmitri Medvedev avait annoncé son intention de visiter ce territoire, malgré l'opposition virulente et manifeste de Tokyo.

"UN DIRIGEANT FORT"

"En allant là-bas, Medvedev a montré qu'il était un dirigeant fort et que la Russie n'est pas un pays dont le dirigeant se fait dicter par l'étranger où il peut et où il ne peut pas aller", a déclaré à l'AFP Valéri Kistanov, chef du centre d'études japonaises à l'Académie des sciences de Russie. Selon lui, la virulente réaction de Tokyo est essentiellement liée à la volonté du parti au pouvoir de redorer son image sur la scène politique japonaise. Le Parti démocrate du Japon, récemment arrivé au pouvoir, "est en effet souvent critiqué pour son manque d'expérience en politique étrangère et en diplomatie", indique-t-il.

Ce déplacement controversé intervient alors que le président russe est attendu au Japon pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) le 12 novembre. Mais selon les analystes, ce refroidissement politique a peu de risque d'influer sur les relations économiques entre les deux pays. En effet, même si le Japon est le deuxième partenaire commercial de la Russie en Asie après la Chine, avec des échanges de 30 milliards de dollars en 2008, contre 4 milliards en 2005, Tokyo est bien plus dépendant de la Russie et de ses ressources naturelles que l'inverse.

LA RUSSIE TOURNÉE VERS LA CHINE

"La Russie est le plus grand fournisseur de ressources naturelles en Asie", indique Roland Nash, analyste de la banque d'investissement Renaissance Capital. "L'importance de la relation est sûrement beaucoup plus grande pour le Japon que pour la Russie", estime l'analyste. Selon lui, si la Russie développe ses échanges avec le Japon, la Chine reste néanmoins son objectif premier sur le marché asiatique, où elle entend globalement renforcer sa présence.

Ce différend empêche depuis 65 ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays. Lors de la présidence de Boris Eltsine, Moscou avait songé à restituer ces territoires au Japon, mais l'opposition des nationalistes et des communistes avait anéanti ce projet. L'ex-président russe et actuel premier ministre Vladimir Poutine avait proposé en 2004 de restituer sous condition deux des quatre îles, mais Tokyo a jugé la proposition inacceptable. Après l'arrivée au Kremlin de Dmitri Medvedev, les Japonais ont exprimé leur espoir de voir un compromis émerger, mais aucune avancée n'est intervenue.

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