segunda-feira, 13 de setembro de 2010

Turquie : après le référendum, l'opposition kémaliste accuse le coup

Le Monde

La défaite est double pour Kemal Kiliçdaroglu, le président du Parti républicain du peuple (CHP), la principale force d'opposition en Turquie. Les électeurs turcs ont ratifié à 58%, dimanche, les réformes de la Constitution présentées par le gouvernement islamo-conservateur. Le "non", pour lequel M. Kiliçdaroglu avait fait campagne, multipliant les meetings à travers le pays, n'a recueilli que 42% des suffrages. Insuffisant pour déstabiliser le parti au pouvoir.

Le mouvement kémaliste et la droite nationaliste, qui dénonçaient une atteinte à la séparation des pouvoirs, ont eu du mal à convaincre. De plus, le leader du CHP lui-même n'a pas pu prendre part au vote, pour une sombre affaire de procédure. "Mon nom a été rayé des listes et je n'en ai pas été informé. (…) Il était de ma responsabilité de vérifier le registre mais mon intense campagne pour le référendum m'en a empêché. Je tiens à m'excuser auprès des membres de mon parti", a déclaré dimanche soir M. Kiliçdaroglu, penaud.

La Turquie se gausse et le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), le parti kurde qui avait appelé au boycott du scrutin, ironise en remerciant le chef de file kémaliste d'avoir lui aussi ignoré le référendum...

Pour l'opposition, la déception est à la hauteur de l'espoir qu'avait suscité Kemal Kiliçdaroglu dès son accession à la tête du CHP, au printemps. Attaquant le parti au pouvoir sur la corruption et le clientélisme, il avait laissé espérer un nouveau souffle.

CONVAINCRE LES EUROPÉENS

Mais cet homme de gauche, ancien fonctionnaire, a subi une défaite cuisante, dimanche. "On voit mal comment l'opposition pourra se poser en concurrent crédible de l'AKP, l'année prochaine, analyse Jean Marcou, directeur de l'Observatoire de la vie politique turque. (…) Force est de constater que Kemal Kiliçdaroglu et son parti, en particulier, n'ont pas réussi à se poser en alternative démocratique au gouvernement actuel, et qu'ils continuent à apparaître, pour une majorité d'électeurs turcs, comme les tenants d'un système politico-militaire révolu."

Le chef du CHP a parfois tenté d'avancer des propositions courageuses et de rompre avec l'idéologie nationaliste et très "laïcarde" de son prédécesseur Deniz Baykal. M. Kiliçdaroglu a soutenu l'idée d'une amnistie générale pour les rebelles du PKK emprisonnés et déclare vouloir ouvrir le dialogue sur la question du foulard islamique. Des positions qui ne font pas l'unanimité au sein de son parti.

Mercredi, un autre test important l'attend : il entamera une visite de deux jours à Bruxelles pour tenter de convaincre les Européens de son engagement dans les négociations d'adhésion à l'UE. Il reste à peine dix mois aux kémalistes pour se remettre en ordre de bataille avant les élections législatives. Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, tentera de se faire élire une troisième fois consécutive.

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