quinta-feira, 9 de setembro de 2010

Paris refuse l'injonction du Parlement européen de suspendre les expulsions de Roms

Le Monde

Le ministre français de l'immigration, Eric Besson, a déclaré, jeudi 9 septembre à Bucarest, qu'il n'était "pas question" que la France suspende les reconduites à la frontière de Roms, comme le lui demande une résolution du Parlement européen votée jeudi. Ce dernier est, selon M. Besson, "sorti de ses prérogatives et nous n'avons bien évidemment pas à nous soumettre à un diktat politique", a-t-il ajouté en affirmant que la "France applique scrupuleusement le droit communautaire et elle respecte scrupuleusement la loi républicaine française".

Le Parlement européen a adopté dans la matinée cette résolution sans caractère obligatoire demandant à la France et aux autres Etats de l'UE de "suspendre immédiatement" les expulsions de Roms. Cette résolution présentée par les socialistes, les libéraux, les Verts et les communistes a obtenu 337 voix contre 245.

Le Parlement se déclare "vivement préoccupé par les mesures prises par les autorités françaises ainsi que par les autorités d'autres Etats membres à l'encontre des Roms et des gens du voyage prévoyant leur expulsion". La résolution adoptée demande à Paris et aux autres autorités de "suspendre immédiatement toutes les expulsions de Roms".

Une autre résolution présentée par la droite du Parti populaire européen, principal groupe politique dans l'institution, et les élus eurosceptiques de l'ECR (Réformistes et conservateurs européens), qui ne condamnait pas la politique française à l'égard des Roms, a été rejetée par le Parlement.

"STIGMATISATION"

Le texte adopté critique également la récente réunion sur l'immigration et la libre circulation organisée à Paris à l'initiative du gouvernement français. La résolution relève notamment que ces sujets relèvent, selon elle, "de la compétence de l'UE". "Cette attitude est allée de pair avec une vague de stigmatisation des Roms et de dénigrement général des Tsiganes dans le discours politique", déplore le texte."Le droit de tous les citoyens de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement dans toute l'Union constitue un pilier de la citoyenneté de l'Union telle qu'elle est définie par les traités", souligne la résolution.

Paris soutient pour sa part que tous les démantèlements de camps et les reconduites se déroulent dans le cadre des lois de la République et des règles européennes.

Mardi, la Commission s'était dite satisfaite des garanties apportées par la France, même si elle entend surveiller de près la situation pour vérifier que les renvois sont bien volontaires ou que le "trouble à l'ordre public" souvent avancé est bien justifié.

Les députés français de droite au Parlement européen ont vivement réagi au vote de la résolution critique. "Par ses anathèmes hypocrites et ses condamnations sans fondement, le Parlement européen contribue à enliser le débat", a regretté la délégation dans un communiqué. Les Verts se félicitent au contraire du vote, estimant que le Parlement a "joué son rôle de garde-fou pour préserver les valeurs fondamentales de l'UE".

Les critiques des eurodéputés s'ajoutent pour Paris à celles, exprimées en août, par le comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale. Il avait rappelé la France à l'ordre, l'exhortant à "éviter" les renvois collectifs de Roms et les "discours politiques discriminatoires". Le pape Benoît XVI avait lui aussi exprimé sa désapprobation sur le sujet, appelant, en français, "à savoir accueillir les légitimes diversités humaines".

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