quarta-feira, 8 de setembro de 2010

La soif de pétrole pousse le Brésil à étendre sa frontière maritime

Le Monde

Le Brésil a pris les Nations unies de vitesse en réaffirmant ses droits sur une zone maritime potentiellement riche en pétrole, et ce sans attendre l'aval de l'organisation internationale. Cette manifestation d'indépendance a pris la forme discrète d'un décret paru le 4 septembre au Journal officiel.

Selon ce texte, la Commission interministérielle pour les ressources de la mer (CRIM) a décidé que "n'importe quelle entreprise ou nation désirant explorer les ressources minérales de la plate-forme continentale devra demander au préalable l'autorisation du gouvernement brésilien". Cela revient à étendre la frontière maritime du Brésil jusqu'à 350 milles nautiques (648 km) de ses côtes. Le pays ajoute ainsi à sa zone économique exclusive - 3,5 millions de km2 sur une largeur de 200 milles nautiques (370 km) - une superficie maritime de 960 000 km2.

La convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui date de 1982, ouvre la possibilité pour tout pays, dix ans après avoir ratifié ce texte, de revendiquer des droits jusqu'à 350 milles de ses côtes, selon la dimension de sa plate-forme continentale. Le Brésil a ratifié la convention en 1994 et présenté sa demande en 2004. Pour justifier celle-ci, il a transmis une carte détaillée à la Commission des limites de la plate-forme continentale (CLPC) des Nations unies.

Intérêt stratégique

La CLPC a mis plusieurs années pour examiner cette requête, avant de la rejeter partiellement et de demander au Brésil de la réitérer, ce que Brasilia a fait, sans rien y changer, en mars 2009. Un mois plus tard, la commission onusienne a accepté 75 % de la revendication brésilienne, pour une superficie de 712 000 km2. Depuis lors, les 248 000 km2 refusés restaient en litige.

Le Brésil a donc choisi de mettre les points sur les "i". Cette impatience répond à un intérêt stratégique considéré comme vital : le besoin de protéger des convoitises extérieures les immenses réserves de brut que les découvertes effectuées depuis trois ans au large de ses côtes laissent imaginer, soit 50 milliards à 100 milliards de barils prouvés à l'heure actuelle.

Ces gisements en eaux très profondes - à plus de 7 000 mètres et sous une épaisse croûte de sel de 2 000 mètres, d'où leur nom portugais de pré-sal ("avant le sel") - pourraient faire du Brésil, en 2030, le 4e producteur mondial d'or noir. Les gisements de pré-sal découverts se situent dans la zone économique exclusive, mais d'autres pourraient être trouvés un peu plus loin des côtes. D'où l'initiative unilatérale du Brésil.

Celle-ci est survenue - ce n'est pas un hasard - le jour même où la compagnie pétrolière Petrobras, détenue à 40 % par l'Etat fédéral, annonçait son intention de lever jusqu'à 64 milliards de dollars (50 millions d'euros), par l'émission de nouvelles actions, pour financer les énormes investissements requis par l'exploitation des gisements. En réaffirmant sa souveraineté sur la zone où dort son trésor pétrolier, le Brésil donne une garantie supplémentaire à tous ceux qui s'apprêtent à investir dans le pré-sal.

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